Corticoïdes et MICI
Les Corticoïdes et les Maladies Inflammatoires Chroniques de l'Intestin
Que signifie « corticoïdes » ?
Les corticoïdes sont des médicaments dérivés de la cortisone, hormone naturellement sécrétée dans l’organisme par les glandes surrénales (1).
Les corticoïdes ont une action anti-inflammatoire puissante, c’est pourquoi
ils sont prescrits dans le traitement des poussées des MICI* (Maladies Inflammatoires Chroniques de l’Intestin) (2). Deux classes de corticoïdes sont utilisées dans ces maladies (3) :
les corticoïdes classiques
les corticoïdes qui ont essentiellement une action locale intestinale.
* Les MICI comprennent essentiellement la maladie de Crohn et la RCH.
Corticoïdes classiques : ce qu’il faut savoir
Quand et comment sont-ils utilisés ?
Les corticoïdes classiques sont utilisés pour traiter les poussées des MICI d’intensité moyenne à sévère (1). Ils sont le plus souvent utilisés par voie orale (2).
Ils sont d’abord prescrits à forte dose pour faire régresser les symptômes, puis les doses sont réduites progressivement, par paliers, après quelques semaines. C’est ce qu’on appelle le « sevrage » (1, 2).
Dans les formes de MICI limitées au rectum ou à la partie terminale du côlon, les corticoïdes classiques peuvent être administrés par voie rectale (lavement, mousse, suppositoire) (1, 2).
Quels sont leurs avantages ?
Quand la poussée est d’intensité moyenne à sévère, les corticoïdes classiques constituent le traitement le plus rapidement efficace, quelle que soit la région du tube digestif atteinte (2, 3).
Quels sont leurs inconvénients ?
Les corticoïdes classiques peuvent provoquer des effets indésirables parce qu’ils passent dans la circulation sanguine. Ces effets s’observent surtout lors de traitements à forte dose et prolongés (1).
Lors d’une prescription limitée au traitement d’une poussée de MICI (c’est-à-dire pendant quelques semaines), ils sont parfois responsables d’une prise de poids liée à une stimulation de l’appétit, d’un gonflement du visage, d’une surexcitation avec insomnie, d’une acné (1). Ces manifestations disparaissent après l’arrêt du traitement (2). En cas de traitements prolongés, d’autres modifications de l’aspect physique sont possibles : vergetures, augmentation de la pilosité, atrophie de certains muscles (2).
Les corticoïdes peuvent aussi déstabiliser un diabète, aggraver une hypertension artérielle et faciliter certaines infections en diminuant les défenses immunitaires de l’organisme (3, 4). Lorsqu’ils sont pris pendant plusieurs mois, ils peuvent entraîner une déminéralisation des os et, chez l’enfant, un retard de croissance (1).
Pendant la prise de ces médicaments, les glandes surrénales se mettent au repos. à l’arrêt du traitement,si celui-ci a été prolongé, il faut vérifier par des tests qu’elles reprennent bien une activité normale (2, 4).
Un traitement par corticoïdes classiques est parfois difficile à arrêter car les symptômes réapparaissent dès que les doses sont diminuées. C’est ce qu’on appelle la corticodépendance (3).
Quelles précautions prendre ?
Les corticoïdes classiques doivent être pris de préférence en une seule fois le matin pour ne pas perturber le sommeil (2). Il ne faut jamais les arrêter brutalement car cela peut déclencher une rechute et un risque d’insuffisance surrénalienne (3).
Pour éviter la prise de poids et le gonflement, au cours des MICI, un régime sans sel ne sert à rien. Il faut simplement ne pas trop manger et réduire les aliments qui font grossir (graisses, sucreries) (2, 3).
La prise de calcium et de vitamine D est nécessaire dans les traitements prolongés pour prévenir la déminéralisation osseuse (2, 3). Les vaccins « vivants » (tels que ceux par exemple contre la rubéole, la rougeole, la fièvre jaune) sont interdits (3). Il faut toujours signaler la prise de corticoïdes aux différents médecins que vous pouvez consulter, en particulier si vous devez subir une intervention chirurgicale. Pour les sportifs, attention : les corticoïdes peuvent donner une réaction positive aux
tests des contrôles antidopage (4).
Corticoïdes à action intestinale locale : ce qu’il faut savoir
Quand et comment sont-ils utilisés ?
Ce type de corticoïdes est utilisé pour traiter les poussées de maladie de Crohn d’intensité légère ou modérée, touchant la fin de l’intestin grêle et/ou la partie initiale du gros intestin (région iléocolique droite) (2, 3).
Ils s’administrent par voie orale. Les gélules qui les contiennent sont conçues pour libérer le médicament au niveau de la muqueuse intestinale atteinte (3). L’arrêt du traitement doit se faire en diminuant progressivement les doses (3, 4).
Quels sont leurs avantages ?
Ces corticoïdes ne passent que très peu dans la circulation sanguine. Ils sont donc mieux tolérés que les corticoïdes classiques, même en cas de traitements prolongés(1, 3). Même si des effets indésirables comparables à ceux des corticoïdes classiques peuvent être observés, ceux-ci sont deux fois moins fréquents (4).
Quels sont leurs inconvénients ?
Ces médicaments ne peuvent pas servir à traiter toutes les formes de MICI. Ils sont
réservés au traitement des poussées de la maladie de Crohn de l’adulte, lorsqu’elles ne sont pas trop sévères et lorsqu’elles ne touchent que la région iléo-colique droite (4).
Quelles précautions prendre ?
Ne pas arrêter le traitement brutalement (3). Prendre votre médicament selon les indications de la notice ou de votre médecin.
Les vaccins « vivants » (tels que ceux par exemple contre la rubéole, la rougeole, la fièvre jaune) sont interdits (4).
Il faut toujours signaler la prise de ces médicaments aux différents médecins que vous pouvez consulter.
Pour les sportifs, attention : ce type de corticoïdes peut donner une réaction positive aux tests des contrôles antidopage (4).
Bibliographie
(1) Bouhnik Y, Rambaud JC. Traitement médical. In: Les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin. Ed. John Libbey, Eurotext Paris, 1998:87-121.
(2) Marteau P et al. Principaux traitements. Corticoïdes. In: Prise en charge des MICI. Ed. John Libbey Eurotext Paris, 2003:26-8.
(3) Traitement de la maladie de Crohn. Dossier du CNHIM 2001; XXII,6.
(4) Vidal 2009.
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