Tout savoir sur la Stéatose Hépatique
Stéatose hépatique : 1ère cause de maladie chronique du foie
Qu’est-ce que la stéatose hépatique ?
La prévalence du surpoids (IMC 25 à 30) ou de l’obésité (IMC > 30) en France est en augmentation croissante et atteint 47% de la population adulte (Enquête Obepi 2020).
La stéatose est le plus souvent la conséquence d’un surpoids et se traduit par une surcharge graisseuse du foie. Elle devient la première cause de maladie chronique du foie et touche une personne sur 5 en France.
La stéatose est la conséquence d’au moins un facteur de risque « métabolique » parmi :
- un tour de taille excédant 94 cm pour un homme et 80 cm pour une femme (traduisant une surcharge viscérale en graisse),
- une augmentation du taux de triglycérides dans le sang,
- une diminution du taux sanguin d’HDL-cholestérol (le « bon » cholestérol),
- une hypertension artérielle
- et/ ou un diabète de type 2 (ou une hyperglycémie ≥ 1g/l).
La stéatose est également un facteur de risque de maladies cardio- vasculaires (coronaropathie, insuffisance cardiaque, athérome, etc…).
Quelle est l’histoire de la maladie ?
Chez un grand nombre de patients et au premier stade de la maladie, la stéatose (surcharge des cellules du foie en graisse) n’est pas associée à une souffrance du foie. Le bilan biologique du foie est en général encore normal.
Mais avec le temps, et surtout si la stéatose est associée à un diabète, la stéatose induit une inflammation et une souffrance des cellules du foie appelée stéato-hépatite. On constate généralement une élévation des enzymes du foie à la prise de sang (ASAT, ALAT et gamma GT). L’augmentation de la gamma-GT n’est donc pas toujours le signe d’une consommation excessive d’alcool. Elle peut être élevée même lorsque la consommation d’alcool n’est qu’occasionnelle.
Un processus de fibrose du foie peut alors apparaître et se développer progressivement sur plusieurs années en l'absence de prise en charge spécifique.
La fibrose correspond à l'accumulation de fibres de collagène dans le foie, qui aboutit à un endurcissement du foie, le stade extrême étant la cirrhose (stade où la fibrose est très importante et détruit l’architecture du foie).
L’alcool n’est donc pas la seule cause de cirrhose. Bien sûr, l’association de plusieurs facteurs de risque (surpoids, diabète, alcool, etc..) peut accélérer le processus de développement vers la cirrhose.
Comment connaître le stade de sévérité de la maladie ?
Jusqu’à un stade avancé de cirrhose, cela n’entraîne aucun symptôme et il est impossible de différencier une stéatose simple d’une stéato-hépatite avec fibrose, même au stade précoce de cirrhose, sur une simple prise de sang ou une échographie.
Le bilan sanguin du foie est en général peu perturbé, et ne témoigne en aucun cas du stade et de la gravité de la maladie.
La stéatose se détecte par une imagerie (échographie, ou scanner / IRM) souvent de façon fortuite. L’imagerie permet également de chercher des signes de cirrhose du foie (dysmorphie du foie).
Pour détecter la fibrose lorsqu’il n’y a pas de signe évident de cirrhose à l’examen clinique et à l’imagerie, on utilise un test biologique simple appelé score de FIB-4 calculé à partir de l’âge, et de paramètres simples du bilan sanguin (taux de plaquettes et transaminases ASAT et ALAT) . Ce test est gratuit et peut être calculé par le laboratoire d’analyse ou votre médecin traitant.
Interprétation du score FIB-4 dans le cas de la stéatose:
- un score < 1,30 permet à lui seul d’affirmer l’absence de fibrose significative
- un score > 2,67 fait suspecter un risque de fibrose avancée et requiert un avis spécialisé
- entre 1,30 et 2,67 : on ne peut conclure, un autre test plus spécifique doit être réalisé.
Ce test FIB-4 permet d’éviter chez 70% des patients de plus amples explorations en prédisant avec une grande fiabilité l’absence de fibrose significative.
Cependant, chez les 30% restant, le FIB-4 ne permet pas d’affirmer ou infirmer une fibrose avancée ou une cirrhose.
Dans ce cas, il faut faire un second test, plus précis, appelé élastométrie du foie qui mesure directement la dureté du foie à l’aide d’ondes ultrasonores (comme avec une échographie). Plusieurs appareils d’élastométrie existent (Fibroscan, Supersonic, ARFI, etc..). Tous sont totalement non invasifs c'est à dire non douloureux et non irradiants. Ils permettent en 5 minutes de quantifier la fibrose du foie et éliminer (ou diagnostiquer) une cirrhose.
Interprétation de l'élastométrie dans le cas de la stéatose :
- Une élasticité hépatique < 8 kPa exclut une fibrose avancée.
- Un seuil d’élasticité > 9,6 kPa affirme la fibrose avancée s’il est concordant avec le test sanguin et ne requiert pas de biopsie hépatique pour confirmer le diagnostic.
Quelle est la prise en charge ?
La prise en charge des facteurs de risque qui ont contribué à l’apparition d’une stéatose permet d’éviter le développement vers une stéato-hépatite et une fibrose du foie. Il est possible même de réverser le processus et de réduire voire guérir la fibrose et la stéatose.
Si la stéatose est secondaire à un surpoids / une obésité, une perte de poids significative d’au moins 5 à 10% du poids corporel permet de réduire significativement la surcharge en graisse du foie. Pour cela, il faut mettre en place ou renforcer les règles hygiéno-diététiques : alimentation de type régime méditerranéen, activité physique adaptée, associant renforcement musculaire et endurance idéalement 3x par semaine. Les sodas, riches en fructose, doivent être supprimés. La consommation d’alcool doit rester exceptionnelle. On privilégie une prise en charge personnalisée, avec l’aide d’une diététicienne et d’un médecin du sport.
Il est essentiel également de bien contrôler les maladies métaboliques associées : le diabète, les troubles du cholestérol, l’hypertension artérielle, le syndrome d’apnée du sommeil, etc.. Ces pathologies doivent être dépistées et traitées de façon optimale. Un diabète mal équilibré est le facteur de risque le plus important d’accélération du processus de développement de la fibrose.
En plus de l’hygiène de vie (diététique et activité physique), de nouveaux médicaments, actuellement en cours de développement dans le cadre d'essais cliniques, seront prochainement disponibles.
Le rythme et les modalités de surveillance dépendent du stade de sévérité de fibrose (tous les 6 mois en cas de cirrhose, tous les 2, 3 ou 5 ans en l’absence de cirrhose et selon les facteurs de risque associés). La présence d’un diabète de type 2 justifie une surveillance plus rapprochée.